Des mots pour se dire

Bonjour Malika, déjà bravo pour ce texte il est très fort, réussir à coucher ces sentiments, peurs est difficile. Pour ma part je me reconnais pleinement dans ses sentiments merci à toi d’avoir réussi à verbaliser tous cela c’est réconfortant… J’espère que tu puiser à tous le réconfort que tu as besoin dans tes proches et en toi même

Bonjour,

C’est la première fois que j’écris sur le forum. Je vous ai lu un peu, mais j’avais aussi besoin d’un cocon pour ne pas me faire peur. Je me suis donc pas impliquée sur le forum.
J’ai eu un diagnostic de lymhpome à grandes cellule primitif du médiastin (l’ordre des mots n’est pas le bon mais je ne ma rappelle plus) en juillet 2019, puis ont suivi 8 cures de R-chop jusqu’au 24 octobre. Mi novembre, mon hématologue m’a déclarée en rémission. C’est encore récent tout cela. Je suis en pleine digestion/reconstruction…etc.
J’approche de la date anniversaire de la première fois où le mot lymphome a été prononcé (il a fallu 3 mois d’investigation médicale pour savoir vraiment ce que j’avais) et cela m’a fait bouillonné intérieurement beaucoup. Beaucoup d’émotions resurgissent, viennent apporter des mots à mon petit cerveau. Bref, j’ai pondu un texte très intime que j’ai envoyé à mes proches cette semaine.
Je vous le partage parce qu’il parle de cette traversée de la maladie et de l’après même s’il est encore court pour moi. Je ne sais si vous vous retrouverez dans ces mots, mais c’est important pour moi de les partager.
Très belle journée à tous !
Malika

Il y a un an je n’imaginais pas…

Il y a un an les mots « biopsie », « lymphome », « chimio », « bon pronostic » ont résonné un soir dans mon oreille.
A cet instant, toute la dimension de ces mots est à la fois saisie et complètement refoulée. C’est étrange.
Ce n’était qu’une suspicion, mais qui s’est finalement révélée exacte 3 mois plus tard.

Il y a un an je n’imaginais pas traverser la tornade d’un cancer.
C’est clairement cette sensation qui prédomine, être passée dans une essoreuse puissante.
Je n’imaginais pas le profond ébranlement qui s’engageait tout en étant baignée d’une confiance inébranlable dans la Vie.
Je sentais que j’allais vivre, tout en ayant un doute, toujours.
J’étais déterminée à vivre tout en sachant que je n’avais pas le contrôle, qu’une autre issue était aussi possible.
Je n’imaginais pas être imprégnée d’une si insondable fatigue, de celles qui te laissent échouée, de celles qui semblent ne jamais pouvoir s’estomper, de celles qui font de ton escalier une montagne alpine, de celles qui durent tant et sont si désespérantes, de celles qui dépouillent de tout.
Cette fatigue qui ne laisse que l’essentiel et c’est tout.
Je n’imaginais pas combien la douce présence des proches était si réconfortante, si portante, si soutenante.
Jamais je n’aurais pu traverser ces derniers mois seule.
J’ai eu l’impression que de multiples bras étaient à mes côtés et m’aidaient à me porter tandis que j’étais chancelante. J’ai une telle gratitude envers vous !
J’ai aussi été surprise par la distance de certain.e.s. Incompréhension, déception et douleur.
Dans ce bain de présence bienveillance, la solitude est incontournable.
Celle de la souffrance indicible, tant physique que psychique.
Celle du cheminement dans l’inconnu, l’inconnu de Soi face à cette tourmente.
Celle de l’exploration de terres si peu foulées, ou avec si peu de partage d’expérience.
Il y a un an, je n’imaginais pas voir cohabiter en moi autant de confiance et de sérénité avec tant de peurs et de douleurs.
Un subtil mélange, un équilibre qui se réinvente chaque jour, presque chaque minute.
L’intensité de Vie n’est plus la même, elle me propulse parfois dans des états de grâce tellement réconfortants, pour m’essorer pour un nouveau cycle éprouvant juste après.
Aujourd’hui, je suis dans la convalescence d’un corps et d’une âme.
Comment se trouver après tout cela ?
Cette tornade a fait voler tant de repères, c’est à la fois si exaltant et si effrayant .
Qui suis-je aujourd’hui ?
La rémission sonne comme une finalité alors qu’elle n’est qu’un début.
Une page blanche qui est parfois si intimidante.
Aujourd’hui, j’en suis au tracé de quelques esquisses, alors que les douleurs physiques s’estompent doucement.
L’espace et la richesse intérieurs créés par la maladie sont loin d’être effleurés au moment de l’annonce. Seul le vécu incarné, pas après pas, dans mon corps et dans mon âme, laisse s’ouvrir un monde intérieur plus vaste, donne la possibilité de se laisser traverser et transformer, ouvre à la sérénité du présent.
J’en suis encore vidée et riche, triste et joyeuse, terrifiée et confiante, seule et tellement entourée, grave et si légère, fragile et solide, rincée et pleine de vitalité.
Je vous aime !
Malika

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